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  Saison 4

Les traducteurs de l’ombre

Ils bossent des heures sur des sous-titres de séries, souvent la nuit, sans rémunération et dans l’illégalité, puis les diffusent sur Internet : les « fansubbers » sont une espèce en voie d’expansion.

 

 

Peu enclins à attendre six mois la suite de Heroes en VF sur TF1, les mordus de la série américaine peuvent facilement la télécharger sur Internet quelques jours après sa diffusion aux Etats-Unis, en VO. Les sous-titres sont rapidement disponibles sur des sites spécialisés et facile à trouver, fournis par des traducteur « en chambre » qui travaillent le plus vite possible, regroupés en « teams » (équipes) de trois à six personnes. Un travail fastidieux et désintéressé qui intrigue le novice…Qui sont ces pirates des temps modernes, prêts à prendre des risques pour la beauté du geste ?

Philippe, la cinquantaine, est correcteur à mi-temps le jour, et fansubber (contraction de « fan » et « subtitle ») la nuit. Fan de Prison Break, il ne trouvait pas d’assez bons sous-titres sur Internet. Il a vite intégré une équipe de sous-titrage, en tant que relecteur, puis traducteur. Mais il s’est fâché avec le webmaster « qui a eu la mauvaise idée de vendre des sous-titres pour 3 euros le trimestre ». Chassé du site, il a crée le sien. Avec des règles strictes, et de manière totalement bénévole. Il lui en coûte même cinquante euros par an pour l’hébergement. Un hobby qui lui prend beaucoup de temps et d’énergie. « Je vais chercher sur le web des sous-titres en VO, sur un site chinois. La traduction est plus ou moins exacte. En fait, c’est un sous-titrage destiné aux non-voyants. Je récupère ça et je l’affiche sur mon logiciel (Subtitle workshop, téléchargeable gratuitement). Je transcris à la place de l’anglais. » Il fait ensuite la synchronisation avec un autre logiciel (Visualsubsync). Tout cela en s’efforçant de respecter les contraintes du sous-titrage professionnel. C'est-à-dire : « pour deux secondes de dialogue, pas plus de cinquante caractères. C’est parfois difficile à tenir, en particulier lorsqu’il y a une réplique longue mais savoureuse. » Cet adepte de la précision, qui se dit même « pointilleux », essaie d’être le meilleur sous-titreur sur la Toile.

 La concurrence est rude           

Sa « réputation », il l’a acquise car il ne « fait pas de fautes et écrit en bon français », mais aussi parce qu’il travaille vite, parfois douze heures d’affilée pour un épisode de Dr House. La vitesse est en effet la raison d’être du fansubbing. La concurrence est rude. Bien qu’ils soient dans l’illégalité, les fansubbers recherchent aussi reconnaissance et respect de leur travail. Avec le sentiment qu’ils en sont les auteurs…« OK c’est illégal, reconnaît Philippe. Je suis prêt à fermer mon site demain, mais je ne me considère pas comme un rebelle de la société. »
Une absence de culpabilité qu’on retrouve chez la plupart des fansubbers. David, un Belge de 32 ans, est chômeur et webmaster d’un site important de sous-titres amateurs. Joint par téléphone, il a accepté de parler de son activité. De son propre aveu, « il centralise de nombreux sous-titres sans l’accord de ceux qui les produisent. » Avant, lui aussi traduisait. Il a commencé il y a quatre ans, pour s’occuper. « J’étais au chômage, je n’avais que ça à faire. Et puis présenter mon travail en ligne me donnait un sentiment de fierté. » Depuis deux ans, son site pirate lui fait même gagner un peu d’argent grâce aux bannières publicitaires. « J’ai peur que mon site disparaisse, mais je n’ai pas de problème de conscience : c’est disponible, je prends. J’ai reçu une lettre d’un sous-titreur professionnel qui me disait que j’empiétais sur son travail. Je ne vais pas m’arrêter pour autant. »
Malgré leurs divergences éthiques, Philippe et David ont ceci de commun qu’ils n’ont pas l’impression de nuire réellement aux séries et aux chaînes de télévision. Pour Philippe, « il y a énormément de gens qui détestent les sous-titres en France. » Sur son site par exemple, pour le dernier épisode le saison 3 de Dr House, il y a eu selon lui environ 4000 visiteurs par jour pendant six semaines. « C’est beaucoup, et peu en même temps, si on compare avec les scores de TF1. En plus, la plupart des gens ne
savent pas faire. Les sous titres, c’est une goutte d’eau.»
        
TF1 répond par la VOD
 

Pourtant, du côté des chaînes de télévision, le phénomène inquiète. En 2006, un épisode de la première saison de Heroes était en moyenne téléchargé 1,5 million de fois en France. Les scores d’audience pour cette même saison ont ensuite été décevants pour TF1. Première parade apportée par la chaîne privée: la V.O.D (Video on demand). Depuis le 25 septembre, les nouveaux épisodes de la série sont diffusés 24 heures seulement après leur diffusion aux États-Unis, en version originale sous-titrée. Au même rythme que certains fansubbers, donc, mais avec un niveau de sous-titrage certifié professionnel. Seul hic, le prix. L’épisode coûte 2,99 € (ou 5,99 € pour 3 épisodes), ce qui revient à environ cinquante euros la saison, soit l’équivalent du prix du DVD, alors que le fichier n’est valable que trente jours après le téléchargement.

 

Les traducteurs de l’ombre

 

Pour Pascal Lechevallier, directeur de TF1 Vision, cette opération expérimentale est un succès mitigé. « Les fansubbers sont d’abord des fans, notre but était de les satisfaire. On a discuté avec eux sur les forums, ils disaient alors que s’ils avaient la série assez vite, ils l’achèteraient. Maintenant que l’offre existe, certains trouvent que c’est trop cher… Leur prétexte a changé, c’est tout. » Mais les scores ont tout de même été encourageants, comme en attestent les 50 000 téléchargements pour l’épisode 1 de la saison 2 de Heroes. « Un score encore jamais vu pour la VOD, mais un succès insuffisant par rapport au nombre de fichiers pirates », résume Pascal Lechevalliers.
 
 
Un monde de pirates 
 
 
Pour lui, la communauté des pirates s’est séparée en deux : « les conscients et les inconscients ». Les « conscients » existent en effet. Sur le site sub-way.fr, qui propose des fansubs, on peut lire ceci : « Nous avons pris la décision de ne pas sous-titrer la saison 2 de Heroes. Ceci parce que TF1 propose une offre légale via son site TF1 Vision, en VOST, juste une heure après la diffusion aux USA. » Une décision qui répond à une certaine déontologie : « Nous ne faisons pas des sous-titres pour concurrencer une offre légale, mais pour compenser une absence d'offre légale », annonce le site.
Et les pirates « inconscients » alors, qu’ont-ils à dire pour leur défense ? Philippe, bien qu’ils ne traduise pas Heroes, a des arguments : « Des chaînes comme TF1 censurent les dialogues, en enlevant les gros mots. Par exemple, bordel ! est remplacé par bon sang ! C’est dommage car ça nuit au réalisme. » Plus largement, il déplore aussi le rythme de diffusion : « les chaînes intervertissent l’ordre des saisons, diffusent deux épisodes à la fois, ce qui fait qu’il y a des trous énormes entre chaque saison. Pour moi le rythme naturel, c’est un épisode à la fois ! »
Devant ces insuffisances de la télévision, mais aussi du fansubbing, il se sent investi d’une « obligation morale » vis-à-vis des fans, celle de « bien faire le boulot ». Car Philippe le reconnaît, le milieu du fansubbing n’est pas sans défauts. « C’est un monde de pirates. On se fait piquer des sous-titres par d’autres sites ». Il regrette aussi l’absence de contact physique entre les membres des teams de fansubbers. Disséminés aux quatre coins de la France et de Belgique, ils communiquent par email, msn et forums. « Par écrit, il peut y avoir des malentendus, le second degré passe mal, regrette Philippe. On peut se brouiller pour des conneries. » Ils ne se voient pour la plupart jamais. Cet aspect fragmenté est un des plus grands défauts du fansubbing. L’équipe virtuelle se divise la tâche, en coupant un épisode en quatre ou cinq parties. Résultat : le travail est rapide mais manque forcément de cohérence.
 
           
Tout le monde n’est pas bilingue ! 
 
 
Les professionnels du sous-titrage s’organisent autrement. « On fonctionne en binôme, en se relisant mutuellement pour éviter les changements de style et de ton. » explique Mariette Kelley, opératrice de simulation en langue anglaise chez Titra Film, dont la filiale TVS fait des sous-titres de séries. Devant ses deux écrans, une main sur le clavier et l’autre sur un moniteur pour arrêter l’image à la milliseconde près, cette grande blonde a le sourire au lèvre quand elle travaille. « J’aime le sous-titrage, j’y mets du mien, j’en rêve parfois la nuit !», confesse cette Franco-Américaine parfaitement bilingue. « Dans le fansubs que j’ai vu, les caractères sont trop gros, le repérage est imprécis, il y a des contresens. Tout le monde n’est pas bilingue! » Même son de cloche chez Vanessa Chouraqui, adaptatrice depuis onze ans, spécialisée en séries TV comme Rome et Desperate Housewives. « Contrairement aux fansubbers, on ne travaille pas dans l’urgence. On veut sortir un produit fluide, cohérent, le plus naturel possible. En général, je vois douze épisodes d’une série avant de traduire le premier, ce qui me permet de mieux appréhender la saison en profondeur. » Elle ne se sent pas menacée par les fansubbers. « Mon labo a déjà reçu le CV d’un fansubber qui voulait postuler en tant que traducteur, il avait envoyé un épisode de 24 traduit par ses soins. On venait de le terminer, on a pu comparer : ce n’était pas au point, ça donnait mal aux yeux.» Imparfaits, les fansubs restent d’un niveau amateur, malgré leur prolifération et la concurrence entre teams. « C’est un métier ! », rappelle Vanessa Bertrand, auteur de dialogues de sous-titrage et membre de la commission de la Sacem, qui craint une « déprofessionnalisation » du secteur et une baisse de qualité générale. Moins inquiète, Vanessa Chouraqui reste indulgente: « Ce sont des fans, ils font ça par amour de l’art ! »

 

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